RAPPORT D'INFORMATION N°1859


Sur le rôle des compagnies pétrolières dans la politique internationale et sur son impact social et environnemental. Ce rapport, commandité par l'assemblée nationale, a été déposé le 13 octobre 1999, il est disponible dans son intégralité (prés de 150 pages) sur le site internet de l'assemblée nationale.

Il est exclusivement composé d'auditions de personnes étant capable d'expliquer les tenants et les aboutissants de la politique des grandes compagnies pétrolières dans le monde. Ainsi, les auditions des PDG des firmes côtoient celles de responsables d'associations de défense des Droits de l'Homme, de journalistes, d'économistes, de politiciens de divers pays, etc. La lecture de ce rapport est édifiante, deux exemples :

Total en Birmanie : emploie de militaires encadrés par des " agents de sécurité total ", déplacement et travail forcé pour les populations locales, tortures et exécutions sommaires (de la part des militaires employés par total, mais sans que la firme soit responsable, bien sur). Tout cela pour construire un oléoduc. Selon certaines ONG présentes en Birmanie, la Junte au pouvoir ne maintient sa dictature que grâce à l'aide économique et militaire de total (en plus de l'argent, achat d'hélicoptères de combat à la Pologne). De même, 15 millions de dollars ont été injectés par total dans les filières de blanchiment de l'argent de la drogue installées en Birmanie (et contrôlées par les hauts gradés de la junte au pouvoir).

Elf en Afrique : création d'une banque en commun avec le Congo et avec le Gabon, et utilisation de cette banque comme bâilleur de fond pour l'achat d'armement pour plus de 100 millions de francs (à la demande expresse de M. Lissouba, alors président du Congo), alors que cet argent devait être utilisé pour le développement économique et social du pays.

Les propos tenus dans ce rapport sont terribles : certaines grandes compagnies bafouent impunément les Droits de l'Homme et toutes les règles d'éthique, et elles le font sans se masquer (la preuve, ce rapport est en libre distribution, n'importe qui peut le lire et en tirer ses propres conclusions). Malgré une apparente liberté d'expression et d'information, rien ne semble être fait pour contrer la politique de ces firmes multinationales.

Quelques notes de dernière minute : Dans ce rapport, des explications sont donnés sur la légitimité du boycotte : on a le droit d'appeler au boycotte lorsqu'il y a un problème sur la qualité du produit, mais pas sur la manière de le produire ou sur les investissements ou sur la politique de l'entreprise. Début juin 2000 : le FMI accorde des crédits pour la création d'un oléoduc qui traversera le Tchad et le Cameroun. Un premier projet avait été rejeté par la Banque Mondiale en octobre 1998, des ONG avaient mis en avant certains points qui n'étaient pas évoqués dans le projet (écologie, déplacement et indemnisation des populations, tracé précis de l'oléoduc, répartition des richesses). Il semble que les réponses à ces questions ne soient guère plus précises aujourd'hui qu'en 1998 (cependant, cette décision étant fraîche, je n'ai pas toutes les informations à ce sujet)





-été 2000-


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