LES BONNES RECETTES DE L'OCDE





J'ai lu récemment une étude, réalisée pour l'OCDE, portant sur " La faisabilité politique de l'ajustement" et "destinée aux responsables politiques et aux décideurs (p.3)*".

Elle explique la marche à suivre pour appliquer une politique d'ajustement économique, c'est à dire, de quelle manière contrôler les dépenses de l'état pour que le budget ne soit plus déficitaire, et que le pays concerné puisse payer ses dettes.

Le constat est le suivant : " chaque gouvernement est pris, en cas d'ajustement, entre des pressions contradictoires (p.8)" : celles des organismes financiers (FMI, Banque Mondiale), et celles des populations. Cependant, le gouvernement "ne peut plus faire, en principe, de concessions dès lors qu'il a pris des engagements envers le FMI pour bénéficier de son concours (p.22)", il doit donc suivre la politique préconisée par le FMI et tenté de surmonter les réticences du peuple. Pour cela, les auteurs du rapports n'oublient pas que le gouvernement possède "de réelles capacités de résistance grâce aux forces de l'ordre (p.18)".

L'usage de la force pour imposer l'ajustement est néanmoins déconseillé : trop onéreux pour des gouvernements poussés à faire des économies. La suite du rapport est donc un petit guide de la politique à appliquer pour se maintenir au pouvoir tout en exécutant les réformes économiques préconisées par le FMI, l'OCDE et la Banque Mondiale.

Certaines recettes sont très drôles : "reporter la responsabilité des difficultés sur ses adversaires (p.25)" (dans le cas d'un gouvernement nouvellement élu), faire attention aux victimes des réformes : " les enseignants, en faisant grève, libèrent une masse incontrôlable de lycéens et d'étudiants pour les manifestations, un phénomène très dangereux (p.26)".

Et si la politique d'ajustement fonctionne, il est déconseillé d'en faire profiter la population, car il faut " éviter une politique laxiste en période de prospérité, car celle-ci crée des droits qu'il est difficile de remettre en question (p.29)"

Cependant, pour parer aux risques d'une telle politique, " un partage des rôles serait peut-être souhaitable, les organisations internationales (le FMI et la Banque Mondiale) assumant le guidage de la politique macro-économique ou des réformes structurelles avec une certaine rigueur, tandis que les donateurs bilatéraux pourraient les corriger par des interventions destinées à réduire les risques de l'ajustement (p.35)". Ce qui signifie: nous nous occupons d'instaurer une politique économique très rigoureuse, mais en cas de problèmes, les états occidentaux seront là pour injecter de l'argent pour éviter les explosions de violence.

Enfin, pour que tout ceci fonctionne bien, l'auteur préconise qu'"il serait peut-être souhaitable d'assouplir la conditionnalité ex ante pour la renforcer ex post, en contrôlant étroitement les décisions du gouvernement avant de débloquer les crédits convenus. Cet assouplissement permettrait aux gouvernements de mieux gérer politiquement l'ajustement en étant plus flexibles, plus pragmatiques et en adaptant semaine par semaine l'application des mesures au rapport de force politique (p.36)"

A mon avis, cette dernière citation reflète bien l'état d'esprit du rapport : qu'importe la volonté des dirigeants et des populations du Tiers-Monde : s'ils veulent survivre dans l'économie planétaire du XXI° siècle, ils doivent suivrent, à n'importe quel prix, la politique prônée par les grandes institutions financières mondiales.

* Toutes les indications de pages font référence au 13° numéro des cahiers de politique économique disponible ici (format PDF). (Retour)



-Automne 2000-




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