ZAS INTERNATIONAL





S'interroger sur le sens de la vie, même dans ce qu'elle a de plus quotidien, de plus insignifiant est légitime … Mais cela paraît choquant, que certains, sûrement trop confiants, puissent prétendre avoir trouver une réponse ! En effet sommes-nous seulement capables de savoir ce qui est bon pour nous ?
Alors pensez en ce qui concerne les autres. Evidemment il est aisé de rabâcher les clichés de la morale commune, et d'essayer de les faire passer pour lois naturelles, mais ne nous y trompons pas, personne n'est dupe et chacun s'arrange avec sa conscience. Il serait peut-être judicieux d'arrêter de cataloguer les comportements humains en fonction de notre unique perception du réel, et ne s'en tenir qu'à une seule règle de bienséance, par exemple :

Toute liberté qui n'entrave pas celle des autres est bonne à prendre car l'on doit assurément assumer collectivement les conséquences de ses actes, aussi ne jugeons pas le mode de vie de chacun.

Aussitôt que l'on se met en marche dans cette vie, notre cas devient particulier, voire très particulier, donc aucune règle générale ne saurait être adaptée ; CQFD.
Dans le cerveau de chacun d'entre nous existe un univers presque insondable qu'il nous faut accepter, aimer ou haïr, mais jamais au nom du bien public ! La relation entre deux êtres est un acte privilégié dont le seul but ne peut être que l'épanouissement de l'autre, un simple bonjour sauve parfois une vie ! Alors qui se risque encore à juger du bien fondé des multiples actions humaines, si ce n'est les naïfs ?
Chacun sur terre traîne son ombre et s'en libère à sa façon, qui pourrait changer cela ?
Pourtant que l'on le fasse en public ou dans l'intimité, quelle différence cela fait-il ?
Faut-il aujourd'hui cacher les malaises qui nous étreignent afin que tout le monde puisse mieux dormir le soir ?
N'aurait-on plus le droit d'être malheureux ?
La chose aurait pu devenir une tare dans une société qui comblerait l'intégralité des besoins de ses enfants, est-ce le cas ?
Vous savez bien que non ! Le quidam tolère le fait que des humains rêvant d'un paradis céleste se rendent dans des églises, alors il doit aussi admettre que d'autres, qui rêvent d'une terre promise, se rassurent dans les bars qui sont en fin de compte, les derniers contre-pouvoirs face à l'uniformisation de la pensée de ce monde, et de son corollaire, l'image idéale du bonheur.
On peut venir y chercher le droit de ne pas suivre les règles de l'extérieur. Si c'est un statut de zone franche qui attire, c'est la possibilité de pratiquer une véritable démocratie (on pourrait presque dire une anarchie !) du comportement, qui retient. En fait, ce droit, le plus cher au monde, est universel et ne se soucie ni de la fortune, ni de l'origine, ni même des convictions de chacun ; c'est l'idéal de notre civilisation mais on ne le pratique toujours qu'en petit comité autour d'un verre !
Voilà pourquoi, à ce jour, un vrai bar surclasse toutes les institutions de la terre !
Nous ne côtoyons pas des aliens, ne demandons plus aux autres de changer leurs vies contre la notre, il peut apparaître sûrement alors que les choses sont un peu plus compliquées qu'il n'y paraît, et que dans le cerveau du pire des soiffards peut résider un univers paradisiaque dans lequel on ne nous permettra jamais de vivre, ni vous ni moi, et à plus forte raison, ensembles. Ainsi s'il arrive à un nomade social d'avoir l'air triste, égaré, en colère, bougon, saoul comme un cochon, c'est évidemment parce que lui, il sait tout çà, et qu'il continue quand même de communiquer avec un monde qui lui refuse de manière implicite, son droit au bonheur. Et malgré cela, certains sont encore capables de vous dire qu'ils vous aiment, mais ne leurs en voulez pas si leur cœur est avant tout épris de liberté, c'est peut-être la seule raison d'exister.
La véritable fonction du bar, c'est l'assistance à personne en danger. Pour cela, il faut savoir connaître les gens en profondeur comme dans un confessionnal, il faut les aimer comme dans un hôpital, mais ne jamais les brimer comme au tribunal, ne surtout jamais les trahir comme un politicien banal, il faut juste faire en sorte qu'ils posent leur cœur gros sur le comptoir, et qu'ils l'oublient en vous disant bonsoir.

Et je dois avouer Madame, qu'à ce jeu vous m'avez quand même agréablement surpris…

ZAS international
-juin 2001-




retour à la page de présentation