SYNDICAT AGRICOLE





Le scrutin du 31 janvier 2000 marque une évolution dans la gestion des chambres d'agriculture de nos départements. En effet même si la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles) reste majoritaire, la Confédération Paysanne et les autres syndicats, comme la Coordination Rurale, commencent à gagner du terrain.
Mais, si cette avancée est justifiée par l'envolée médiatique de José Bové et la prise en compte toujours croissante des problèmes d'alimentation par l'opinion publique, il est tout de même important de s'attarder quelque peu sur la FNSEA pour expliquer les rouages d'une cogestion Etat-FNSEA qui a amené tous les problèmes que nous connaissons aujourd'hui. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les pouvoirs publics vont prêcher une agriculture industrielle. C'est ainsi qu'ils vont favoriser la création d'un syndicat unique, la FNSEA, qui voit le jour en 1946 et qui va prendre le rôle de prophète de l'agriculture intensive et devenir l'instrument d'une politique agricole.
Avec le traité de Rome (1957) et les lois d'orientation agricoles qui entreront en vigueur en 1960, l'Etat va réorganiser toute l'agriculture du pays: création d'institutions chargées du contrôle du foncier, de l'organisation du marché; la création d'aides financières sélectives (la sélectivité bien sur fondée sur des critères d'agrandissement et d'intensification). Mais surtout, l'état va placer à chaque niveau et bien sur à la tête de chaque institution des syndicalistes. Donc si on résume, voilà 40 ans que la FNSEA, représentante de la profession qui valide cette politique, contrôlant tous les organes chargés de sa mise en oeuvre, impose sa vision de l'agriculture, la bonne, la vraie. Fini l'image d'Epinal du vieux plouc tout sale qui s'occupe de ses bêtes et de ses champs avec ses petits doigts de fée calleux et rugueux. L'image du paysan FNSEA serait plutôt propre, grande, sophistiquée. Il est avant tout un businessman et un chasseur de subventions.
Je pense néanmoins que beaucoup de paysans FNSEA doivent l'être par résignation, car il ne faut pas oublier que le mode de pensée unique existe dans ce syndicat et il ne saurait en être autrement et tolérer toute forme d'idée venue d'un représentant d'un autre syndicat ou d'ailleurs. C'est la FNSEA qui décide et gare au paysan qui manifesterait une quelconque tiédeur contre ce système : il pourrait se voir opposer à une lenteur administrative ( tout à fait fortuite bien sûr …), qui pourrait mener ceux qui veulent vraiment rester à contre-courant, vers une faillite considérée ensuite comme un échec personnel. Cet état de fait, qui n'est autre qu'une des multiples facettes de la mondialisation économique, nous concerne aussi directement car, moi personnellement, je mange de l'agriculture trois fois par jour, et bien sur pour tout un tas d'autres raisons environementales et financières (on donne de l'argent depuis 40 ans pour alimenter la machine). Sans vouloir faire de la publicité à la Confédération Paysanne, il est temps de changer de voie, et d'inciter les paysans et les politiques à démocratiser et humaniser cette agriculture qui, comme on sait tous, tue de temps à autres.

SAOUL007
-juin 2001-




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